mardi 16 juin 2015

La bataille du climat se joue maintenant, si on la perd, on perd toutes les autres...







Le 12 juin , Auterive accueillait le Tour Alternatiba , un événement festif et citoyen sur lequel nous reviendrons en images.

L'occasion d'un exposé éclairant effectué par Txetx Etcheverry et Iban Grossier  dont nous n'avons pu malheureusement enregistrer que l'introduction dans laquelle il est fait allusion à un épisode des élections municipales auterivaines à retrouver dans nos archives.



Toutefois ces extraits d'une interview donnée à  Reporterre resituent l'importance de l'enjeu et le contexte tel qu'il fut développé en ce vendredi salle du Belvédère à Auterive et comme il le sera tout au long des 187 étapes de ce Tour Alternatiba.

Txtex Etcheverry : « La bataille du climat se joue maintenant, si on la perd, on perd toutes les autres »

13 avril 2015 / Entretien avec Txetx Etcheverry - Propos recueillis par Barnabé Binctin



Engagé dans les années 1970 dans le combat pour l’indépendance du Pays Basque, Txetx Etcheverry est le fondateur de l’association écologiste Bizi qui, depuis 2007, dépoussière l’action militante, notamment à travers la dynamique Alternatiba. Rencontre sans fard avec ce militant intègre et infatigable.
Jean-Noël Etcheverry est un des animateurs de l’association écologiste Bizi et du mouvement Alternatiba. D’abord engagé dans les années 1970 dans le combat pour l’indépendance du Pays Basque, il est devenu syndicaliste et a découvert l’importance de l’écologie.
Avec Bizi, fondée en 2007 à Bayonne, il a monté une association écologique dynamique, alliant les interventions concrètes (et non-violentes) et la réflexion de fond. De Bizi est né le mouvement Alternatiba, qui organise des villages d’alternatives pour parer au changement climatique.

Reporterre - Le climat est au cœur de l’action de l’association Bizi. Comment le concept d’Alternatiba, villages d’alternatives au réchauffement climatique, est-il né ?
Txtex Etcheverry - Cela part d’une résignation générale après la conférence sur le climat de Copenhague en 2009. Un an après, tout le monde était passé à autre chose, les médias, la classe politique, l’ensemble de la société… Il était difficile de mobiliser et le contre-sommet de Cancun n’avait réuni que mille personnes, par exemple.
A ce moment, on nous disait qu’on pouvait mobiliser sur les gaz de schiste ou l’agriculture, mais qu’un mouvement construit sur le climat n’était pas possible. Pour nous, c’était une grande frustration car on avait vécu à fond la mobilisation de Copenhague.
On s’est demandé ce qu’il y avait eu de réel dans la prise de conscience qui avait précédé Copenhague et nous imprégnait encore, ce discours sur la menace centrale que représente le changement climatique pour l’avenir de l’humanité. La réflexion nous a fait comprendre qu’il ne fallait pas aborder le problème du climat comme problème, mais par les solutions. Les gens ne se sentent pas de prise sur le changement climatique, parce qu’il parait trop abstrait, immense et complexe, et d’autre part parce que les seules solutions envisagées jusqu’alors étaient l’accord de 200 chefs d’Etat.
Les gens se sentent impuissants. Alternatiba prend la question par l’autre bout : on ne dit plus qu’il faut attendre d’une grande réunion internationale la solution magique au réchauffement climatique. On dit qu’on peut faire plein de choses tout de suite, à partir des individus, des collectifs et des territoires.



Pourquoi faire du climat la mère de toutes les luttes écologistes ? Est-ce plus important que la biodiversité, par exemple ?
Le climat détermine tous les autres pans de la vie sur Terre, les conditions de guerre et de paix, les possibilités de maintenir une démocratie. Et la biodiversité ne résistera pas au changement climatique s’il s’aggrave encore. Tout le reste est conditionné par le climat.
Et puis, il y a une donnée particulière dans le climat, c’est le calendrier : on a dix ou quinze ans pour empêcher de passer à des seuils d’emballement irréversibles. Certes, en biodiversité, il y a aussi un calendrier pressant et on franchit des seuils, mais il y a des choses plus ou moins réversibles, on arrive à faire revivre des sols bétonnés et pollués…
En ce qui concerne le climat, une fois qu’on a franchi le seuil, c’est fini. Si l’on croit ce que nous disent les scientifiques, cette bataille est centrale. Si on la perd, on perd toutes les autres. Et cette bataille se joue maintenant.
Ce discours est-il audible par un large public ?
L’objectif est de mobiliser au-delà du cercle des gens convaincus. Car dans les mouvements militants, on fait souvent tout en petit cercle et on appelle ensuite la population à se joindre à l’événement. Alternatiba, c’est le contraire : on appelle les gens à venir d’entrée de jeu, et on construit avec eux.
Comment réunir des gens avec des niveaux de conscience et de politisation très différents ?
Il faut un concept éminemment pratique, afin que le maximum de gens puisse y trouver leur place, y compris des gens qui ne supportent pas les réunions ou qui ne vont jamais suivre un débat sur le changement climatique. Mais ces gens-là trouveront leur rôle en tant que cuisinier, électricien ou autre. C’est une manière d’organiser les choses : il ne faut surtout pas commencer par une discussion sur une charte pour le projet, parce que c’est le meilleur moyen de passer deux mois à s’écharper sur des point-virgules.
Il faut privilégier le pratico-pratique, avec des discussions sur la logistique, avec une première affiche pour communiquer, avant même le programme établi ou l’accord de la mairie. C’est le concret qui amène des gens nouveaux, alors qu’on ne les touchera jamais si on doit organiser six mois de réunion avant de lancer la machine.

 
Et puis, il faut démarcher selon des thématiques particulières. Si vous faites un espace recyclage par exemple, vous allez inviter des associations de couture ou de réparation qui n’ont a priori rien à voir avec l’écologie et le climat. Mais vous allez leur expliquer que leur activité est très bonne pour le climat. Et du coup, ils s’intègrent dans un événement dont l’enjeu central est le changement climatique, et les gens comprennent que leur pratique peut être liée à quelque chose qui lui donne plus de sens.


Vous vous dites « radicalo-pragmatique ». A Grenoble, Eric Piolle utilise la même formule. Est-ce la nouvelle ligne politique des écologistes ?
On se considère comme radicaux car on croit vraiment au slogan « changer le système pour ne pas changer le climat ». Il faut mettre autre chose en place que le capitalisme, la croissance et le productivisme si on veut rester dans les limites possibles de la Terre.
Mais on est pragmatiques car on a conscience du rapport de force. On ne parle pas de révolution, pour l’instant, on est incapables de la faire. Donc on lance des dynamiques qui permettent de créer des rapports de force favorables, d’être demain en capacité de gagner, même des petites batailles.

Car les solutions applicables par tous au quotidien existent bel et bien ce qu' Iban Grossier démontra avec un enthousiasme communicatif porteur d'un espoir symbolisé par le T.Shirt offert par les élèves de l'école de la Madeleine .


Solutions reprises dans un ouvrage accessible à tous qui devrait être le best seller de l'été :


couvlivre

A retrouver Bici !

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